Missak Manouchian : le parcours d'un orphelin du génocide arménien

Missak Manouchian, figure de la résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, a vécu une vie marquée par le courage et la détermination. Retour sur le parcours d'un orphelin du génocide arménien.

Missak et Garabed Manouchian : survivants du génocide arménien 

La famille de Missak Manouchian appartenait à la communauté des deux millions d’Arméniens, qui vivaient dans les différentes provinces de l’Empire ottoman. Pendant la Première Guerre mondiale, le destin de cette communauté de chrétiens, longtemps discriminée et pourchassée, bascule. Les Ottomans ont mis au point une solution radicale à ce qu’ils appellent le « problème arménien ».

A partir de février 1915, l’état turc organise le massacre de plus d’un million d’Arméniens, exécutés dans leur village, ou dans des camps de concentration. Missak et son frère, les deux seuls survivants de sa famille, sont exfiltrés de Turquie par une organisation humanitaire, dans un orphelinat libanais. Le jeune Missak y écrira ses premiers vers grâce à un professeur qui lui apprend à lire, à écrire l'arménien littéraire et l’initie à la poésie.   

Un charmant petit enfant
A songé toute une nuit durant
Qu'il fera à l'aube pourpre et douce
Des bouquets de roses.
Missak Manouchian, Premiers vers

1924 : le départ de Missak Manouchian pour la France 

Missak et son frère vont avoir une chance qu’ils n’hésitent pas à saisir. Depuis la fin de la Première Guerre mondiale, la France envoie des recruteurs dans les orphelinats du Liban et de Syrie, à la recherche de milliers de jeunes prêts à venir travailler en France.

Missak, âgé de 18 ans, embarque en 1924 pour Marseille, pour rejoindre son frère, parti quelques mois plus tôt, à La Seyne-sur-Mer. Sur le bateau qui le fait venir en France, Missak rêve de la patrie des droits de l'homme, qui s'apprête à l'accueillir et comme il avait pris l'habitude au Liban, il esquisse quelques vers.

J'ai laissé derrière moi mon enfance au soleil nourrie de nature,
Et ma noire condition d'orphelin tissée de misère et de privation ;
Je suis encore adolescent ivre d'un rêve de livre et de papier

Extrait de Vers la France, Missak Manouchian

Les deux frères travaillent à la Société des Forges et Chantiers de la Méditerranée. Dès leurs retrouvailles, Missak et son frère, fiers de leur nouvelle vie, se font photographier et envoient les photos à leurs anciens camarades de l’orphelinat. Mais malgré leur nouvelle vie, Missak et Garabed rêvent de la ville lumière et de ses opportunités. Animés par l'espoir d'une vie meilleure, ils quittent La Seyne-sur-Mer et prennent la direction de Paris.