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EMC03:53Publié le 18/04/2019

La démocratie représentative, un système en crise ?

Décod'actu

La démocratie représentative, un système en crise ?

Depuis novembre 2018 résonne dans les rues du pays un même cri : "Démission". Au-delà du président de la République, c’est tout un système politique qui est remis en cause. Les citoyens demandent des comptes à une classe dirigeante dans laquelle ils ne se reconnaissent plus. Et si notre système représentatif était en crise ?

Influencé par la philosophie des Lumières, le système représentatif apparaît dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. L’idée est assez révolutionnaire : créer un système politique dans lequel la volonté des citoyens s’exprime à travers des représentants qui votent les lois, et les font appliquer.

Emmanuel-Joseph Sieyès en France, et John Adams aux Etats-Unis, en sont les grands défenseurs. Ils s’opposent à la démocratie directe de Rousseau et Robespierre. Pourquoi ? Car "la très grande pluralité de nos concitoyens n’a ni assez d’instruction, ni assez de loisir, pour vouloir s’occuper directement des lois qui doivent gouverner la France ; ils doivent donc se borner à se nommer des représentants" déclare Sieyès. 
Son influence sera immense. Le système représentatif va devenir la norme en France puis dans le reste des démocraties mondiales. 

Le principe du système représentatif en France 

Ce principe est toujours inscrit dans la Constitution française, Article 3 alinéa 1 : "La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum".

Sauf qu’aujourd’hui ce système semble arrivé à bout de souffle. On observe une défiance vis à vis des hommes et des femmes politiques, très bien illustrée par les Gilets Jaunes. Et plus globalement, un désintérêt pour la chose politique et les élections. L’abstention a atteint 57,36 % aux législatives du 18 juin 2017. Un record historique pour la Vème République.

Pour beaucoup, cette défiance est due à un système représentatif de plus en plus déconnecté du peuple.

En 1946, les ouvriers représentaient 12,5 % des élus à l’Assemblée. En 2017, il n’y en a plus aucun, alors qu’ils représentent tout de même 20% de la société. 

À l’inverse, on compte à l’Assemblée nationale 97 cadres du privé, 82 fonctionnaires, 73 hommes politiques professionnels, 50 chefs d’entreprise et 104 professions libérales.

Même constat question diversité. 35 députés issus de la diversité ont été élus. Ce qui représente 6,35 % de l’Assemblée, alors qu’on estime que 23 % de la population est d’origine étrangère en France.
À cela s’ajoute le fait que les citoyens ne disposent d’aucun pouvoir de contrôle envers leurs élus en dehors des élections. Le sentiment de dépossession démocratique est vif en France.

Les experts avancent plusieurs solutions pour y remédier : 

Par exemple, la mise en place de la proportionnelle pour les législatives. Elle permettrait aux différents partis d’être représentés en fonction de leur score global au niveau national. Les études sociologiques montrent d’ailleurs qu’elle boosterait la participation. 

Autre solution : la mise en place d’un contrôle accru et continu de l’action des gouvernants, en dehors des moments électoraux. Par exemple, avec le référendum d’initiative citoyenne (RIC) qui est plébiscité par les Gilets Jaunes et par une large majorité des Français. 
Des solutions qui pourraient remettre le citoyen au coeur de la démocratie.
 

Réalisateur : Maxime Chappet

Auteur : Arnaud Aubry

Producteur : France Télévisions

Publié le 18/04/19

Modifié le 12/04/22

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