Le harcèlement peut conduire au suicide

Lorsqu'on est harcelé à l'école, il existe des aides et des solutions pour que les idées noires, suicidaires, qui peuvent surgir, ne prennent pas le dessus... Des enfants harcelés durant leur scolarité témoignent et racontent comment ils ont réussi à s'en sortir, et à faire de leurs drames des forces. À l'image d'Océane, 13 ans, et de sa mère, Marie, qui prennent la parole pour alerter contre le fléau du harcèlement.

Harcèlement : poser des mots sur des maux

Philippe et Charlie sont aujourd'hui des adultes accomplis. Pourtant, chacun d'eux dans leur enfance a été victime de harcèlement à l'école. Ils racontent leurs parcours et comment des pensées suicidaires ont pu parfois les traverser. « Il arrive que des personnes harcelées soient tellement poussées à bout, qu’elles fassent des tentatives de suicide, avoue Charlie, 37 ans. Quand on est harcelé, on a très peu d'échappatoires car le collège c’est l’essentiel de notre vie d'enfant. On a l'impression que le harcèlement, ça va être tout le temps, et pour toujours. C'est comme un mur sans aucun horizon, aucun espoir. »

Le combat d'une mère pour sa fille Océane

Aujourd'hui, le harcèlement touche plus d'un élève par classe. Océane, 13 ans, en a fait partie. Il y a quelque temps, la jeune fille a écrit une lettre d’adieu que Marie, sa maman, a trouvé par hasard avant que la jeune fille ne passe à l’acte. En rangeant la chambre d’Océane, Marie découvre au fond d’un tiroir une lettre cachée entre deux cahiers, avec la mention « ne pas ouvrir ». « Je m’attendais à lire une lettre d’amour entre adolescents, mais pas à ça… », témoigne-t-elle bouleversée. Marie entame alors une longue discussion avec Océane et découvre avec effroi qu'il ne s'agit pas d'un appel à l'aide, et qu'elle aurait dû trouver cette lettre après le suicide de sa fille. Océane lui explique son désespoir de ne pas voir d’issue à sa situation de harcèlement. Malgré les alertes de sa mère auprès des responsables du collège, rien ne change pour elle. « C’est dur de se lever pour se dire qu’on va passer sa journée seule à l’école. Je me disais qu’on ne pouvait plus m’aider. Que le collège ne le pouvait pas », se confie Océane. Pour Marie, c'est l'électrochoc. « Quand j’ai trouvé cette lettre, j’ai beaucoup discuté avec Océane. Je lui ai dit que les choses allaient changer radicalement, que puisqu’on ne m’entendait pas au collège, j'allais me faire entendre d'une manière différente ». Avec l’accord d’Océane, Marie décide de publier sa lettre d'adieu sur Facebook. « Il a fallu ça pour que la situation d’Océane devienne l’intérêt de tout le monde », raconte Marie. Dès le lendemain, elle est contactée par les médias et les institutions (la gendarmerie, le principal du collège etc.).

Demander de l'aide aux adultes

Aujourd’hui, la situation d'Océane a enfin changé. Au collège, la jeune fille est suivie au quotidien par 4 référents. Marie reçoit 2 comptes-rendus par semaine sur la situation de sa fille à l’école. Océane a changé de classe et a retrouvé la plupart de ses copines. Marie sait qu’Océane va mieux, mais elle reste en éveil et toujours aux côtés de sa fille.

Même si on pense qu’il n’y a plus de sortie, il faut garder en tête… qu’il y en a toujours une petite quelque part. Il faut bien la chercher et on finira par la trouver. Cela peut être l’aide de professeurs, de surveillants… Pour moi, ça a été celle de ma maman.

Océane, 13 ans.