Quel est l'impact de l'immigration sur le marché du travail ?

On entend souvent dans le débat public que les immigrés « piquent » le travail des Français ou bien font baisser les salaires. Mais qu’en est-il vraiment ? Jean-Christophe Dumont, chef de la division migrations internationales à l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) revient sur les analyses et études réalisées par les économistes sur le thème de l’impact de l’immigration sur le marché du travail et démontre que la réalité est, comme souvent, plus nuancée.

L’immigration contribue-t-elle à augmenter le chômage ?

Depuis de nombreuses années, les économistes se sont penchés sur cette question et les résultats convergent : L’impact est faible, plutôt négatif à court terme, et positif à la fois en termes de réduction du chômage et d’augmentation des salaires sur le moyen et sur le long terme.

Comment expliquer cela ? Lorsqu’ils arrivent dans un pays, les immigrés demandent des services, notamment un logement. A cela s’ajoute un certain nombre de biens. Et pour répondre à cette demande, il faut recruter des gens, embaucher. L’immigration joue donc à la fois sur l’offre de travail et sur la demande de travail.

Si l’on compare l’économie à un gâteau, celui-ci n’a pas une taille fixe, pour lequel il faudrait faire des parts de plus en plus petites parce que l’on a de plus en plus de convives. En fait, l’immigration contribue à augmenter la taille du gâteau.

La main d’œuvre immigrée apporte tout d’abord des compétences, car un tiers des immigrés venant des pays de l’OCDE et en Europe sont diplômés du supérieur, et d’autre part, cette même main d’œuvre contribue à compléter l’offre de travail locale.

Pour quelle raison ? Parce que certains emplois classés parmi les plus pénibles ou difficiles sont délaissés par la main d’œuvre locale. Même chose pour le travail peu qualifié.

De quelle manière l’immigration joue-t-elle sur la dynamique du marché du travail ?

Lorsque les jeunes arrivent sur le marché du travail, ils se détournent de ces professions car ils n’y voient pas d’avenir. C’est là que ces besoins de recrutements spécifiques sont comblés pour environ un tiers dans l’Union européenne par des immigrés.

En résumé l’immigration joue sur la dynamique du marché du travail, en apportant à la fois des compétences pour la partie la plus qualifiée, mais aussi en permettant de répondre à des besoins de main d’œuvre à l’autre extrémité sur le segment le moins qualifié délaissé par la main d’œuvre nationale.