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Île des justes
Clin d'œil en MéditerranéeSaviez-vous qu’au-delà de sa légitime appellation d’île de Beauté, la Corse mériterait le titre d’île des Justes ?
L'histoire de cette reconnaissance commence en 2008, quand Louis Luciani, alors professeur d'Histoire au collège de Luri, décide avec ses élèves de préparer le concours National de la Résistance. Leur travail minutieux va mettre en lumière une vérité que les corses n'ont jamais voulu brandir comme un exploit : la Corse est le seul département français n’ayant pas déporté de juifs durant la Shoah.
Retournons en 1941, quand le gouvernement de Vichy donne l'ordre aux préfectures d'arrêter les juifs étrangers. Le Préfet de Corse, Paul Balley (1940-1943) transmet alors son rapport. Il n'y a que 146 juifs en Corse, pas un enfant et surtout aucun juif étranger. C'est bien entendu, un énorme mensonge car disséminées aux quatre coins de l'île, les familles juives ne sont pas rares. Des familles françaises mais aussi allemandes ou autrichiennes, venues trouver refuge au début du conflit ou encore les 800 juifs ayant fui en 1915, les tensions de la fin de l'empire ottoman.
Mais la population corse et son administration, police et gendarmerie incluse, ont une vision bien précise de la question : ces gens-là sont des touristes. Ils ne sont donc pas concernés par les recensements de population. Alors, quand en août 42, Vichy commande de grandes rafles, aucune n'a lieu en Corse et il n'y aura durant toute la guerre qu'une seule victime du génocide : un juif allemand arrêté sur l'ordre du secrétaire général de la Préfecture d'Ajaccio tandis que le Préfet était absent.
Fidèles à leurs valeurs essentielles, les corses ont fait preuve d'hospitalité et de solidarité face aux malheurs des persécutés. Durant de longs mois, ils vont cacher, protéger et nourrir les juifs et les autorités locales iront même jusqu'à leur fournir de faux-papiers turcs. Aucun d'eux ne porta l'étoile jaune et les enfants furent scolarisés.
Une reconnaissance pour une communauté toute entière
Les travaux de recherches se sont poursuivis et en 2013, Serge Klarsfeld est venu à Ajaccio, assister à la projection d'un documentaire retraçant cet épisode de l'histoire corse à travers les témoignages touchants de ceux, corses et juifs qui l'ont vécu. Et en janvier 2017, le comportement solidaire et fraternel de la population corse à l'égard des juifs a été récompensé par une Ménorah d'or. Cette distinction déjà remise à Simone Veil, au Prince Albert de Monaco et à de nombreuses personnalités, honore ceux qui, par leurs paroles et leur engagement, ont su soutenir le peuple juif et ont défendu des valeurs humanistes. C'est la première fois, qu'une communauté toute entière obtient cette reconnaissance.
Réalisateur : Laure Coeroli Fernandez
Auteur : Anne-Laure Gérôme
Producteur : France 3 Corse ViaStella
Diffuseur : France 3 Corse ViaStella
Année de copyright : 2018
Année de production : 2018
Année de diffusion : 2018
Publié le 11/01/19
Modifié le 27/12/22
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