L'Etat

Chez Léonard, en termes de rangement, il y a des règles assez strictes. Sauf dans sa chambre, où c’est lui qui gère. Mais quand sa mère entre, elle s’écrie : « C’est l’anarchie ici ! ». L’anarchisme n’est pas juste le désordre, c’est une théorie de philosophie politique développée par des révolutionnaires du XIX^e siècle pour critiquer l’Etat, défini comme l’autorité la plus haute. Pourtant, hors de la chambre de Léonard, elle n’a pas eu d’avenir dans l’histoire : aujourd’hui aucune société ne vit sans Etat.

Pourquoi a-t-on besoin d’Etat ?

Historiquement, on ne parle d’Etat qu’à partir de la fin du XV^e siècle. Le propre de l’Etat c’est d’être une autorité collective qui se place au-dessus des individus : il arbitre leurs désaccords et réglemente leurs échanges. Pour être efficace, il s’octroie l’usage de la force. Thomas Hobbes explique que pour être légitime, le pouvoir de l'Etat doit reposer sur le consentement : l’individu renonce volontairement à sa liberté pour la confier à l'Etat. Mais, s'il le fait, c'est que cela comporte pour lui des avantages. Le but de l’Etat est de garantir la sécurité et la liberté de tous. C’est un contrat : ce que Jean-Jacques Rousseau appelle « le contrat social ».

Dans tout contrat, il y a l’idée d’une réciprocité. Les individus doivent obéir à l'Etat et l’Etat doit respecter ses devoirs. Dans l’histoire cela n’a pas toujours été le cas. Nombreux sont les régimes politiques où l’Etat abuse de son autorité. Il se met à contrôler la société tout entière.

L'Etat, un pouvoir à deux faces

Ces dérives peuvent-elles exister même dans des régimes qui semblent garantir nos libertés, en l’occurrence en démocratie ? Michel Foucault répond par l’affirmative. L’Etat a un pouvoir à deux faces.

1. Une autorité visible : la loi. Quand on la transgresse, l’Etat a le pouvoir d’intervenir pour punir.
2. Une autorité invisible : la norme, qui exerce sur nous une pression continuelle, c'est-à-dire tout ce qui fera de nous un individu « normal » (notre corps, nos gestes, etc). La norme ne nous punit pas, mais elle nous surveille...

Aujourd’hui, l’autorité, qu’elle soit visible ou invisible, n’est plus le monopole de l’Etat, il existe des souverainetés concurrentes : pensons aux GAFAM. Un réseau social peut décider, sans vote ni contrôle, de fermer ou rouvrir le compte du président des États-Unis ! Le pouvoir de l’Etat, comme l’autorité des parents de Léonard, peut avoir des failles…

💡 Philosopher, c’est peut-être apprendre à s’interroger sur le pouvoir de l’Etat ?

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