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Histoire11:38Publié le 27/10/2022

Aral, une mer pour du coton, partie 2

Points de repères

L’assèchement de la mer d’Aral, en Asie centrale, continue dans les années 1990, même après la disparition de l’Union soviétique. Un désastre environnemental, mais aussi humanitaire à cause des engrais et des pesticides qui ont pollué les sols de la région. Ces catastrophes nous rappellent à quel point l’eau peut devenir une ressource précieuse à l’origine de tensions, et illustrent la problématique écologique à laquelle l’humanité doit faire face.

La mer d’Aral après l’effondrement de l’Union soviétique

Au début des années 1990, la production de coton dans la région de la mer d’Aral ne faiblit pas, malgré la fin de la Guerre Froide et la chute de l’Union soviétique, en 1991. En 1998, la mer a ainsi perdu 80% de son volume. La petite mer, encore alimentée par le Syr-Daria au débit toujours affaibli, est finalement préservée avec la construction d’une digue en béton de 12 kilomètres. Elle est alors définitivement séparée de la grande mer d’Aral, qui est, elle, réduite à 10% de sa surface initiale. L’eau restante est devenue toxique car trop chargée en sel, plus de 100 grammes par litre, et saturée de pesticides, ce qui a entraîné l’éradication des poissons et des algues. Laissée à l’abandon, la grande mer d’Aral pourrait totalement disparaitre d’ici quelques années, remplacée par un désert d’Aral.

En seulement quelques décennies, une mer, pourtant immense, a été asséchée. Un équilibre bouleversé par les millions de litres d’eau détournés pour l’irrigation de cultures. Des pollutions causées par les besoins de l’Homme, qui n’est pas un phénomène nouveau. L’Empire romain, par exemple, avait également fait disparaître les forêts d’Afrique du Nord. Mais ces dernières années, ces pollutions sont plus nombreuses et plus importantes. Ce qui les rend plus irréversibles.

Une seule ressource pour cinq pays

Suite à la dislocation de l’URSS qui les dirigeait, les cinq républiques satellites de la région deviennent autonomes. Elles sont donc seules face à leurs problèmes économiques, sans l’aide financière de Moscou. Mais à cause de la politique soviétique, ces Etats se sont chacun spécialisés dans des domaines précis, les rendant interdépendants. Rapidement, tous se replient sur eux-mêmes pour leur propre intérêt et leur propre survie, et cherchent à se stabiliser économiquement en partageant une unique ressource, l’eau. L’Ouzbékistan, par exemple, où un tiers de l’économie dépend de l’agriculture, n’hésite pas à puiser dans les fleuves pour l'irrigation. Mais les sources de ces fleuves sont situées dans deux autres pays de l’ancienne URSS, le Kirghizistan et le Tadjikistan, qui utilisent aussi de plus en plus d’eau pour produire de l’électricité via des barrages. En conséquence, l’Ouzbékistan est asséché en été, et inondé en hiver.

Ainsi, la demande en eau est maintenant supérieure aux ressources disponibles dans la région de la mer d’Aral. Cette situation de pénurie d’eau, aussi appelée stress hydrique, peut être source de tensions entre les Etats. C’est par exemple le cas au Proche-Orient, autour du Jourdain, un fleuve partagé par Israël, la Jordanie, et la Palestine, où l’eau est même devenue une des principales sources de conflit. Ces trois pays utilisent une partie considérable de son eau pour l’irrigation et les villes, ce qui impacte la mer Morte dont il est l’affluent, et dont la surface a diminué d’un tiers en un demi-siècle.

De désastre écologique à catastrophe humanitaire

Depuis 1960, la région de la mer d’Aral a vu sa population tripler, pour arriver aujourd’hui à plus de 60 millions de personnes. Cependant, les conditions de vie y sont devenues bien plus difficiles. Le climat est plus hostile, avec des hivers rudes et des étés plus chauds et secs. Les produits chimiques présents dans le sol des anciens fonds marins sont transportés par des tempêtes de poussières qui contaminent les sols aux alentours. L’élevage régresse donc à cause de la diminution de 80% des surfaces disponibles pour les pâturages, alors que la pêche est devenue impossible. Et 5 millions d’habitants n’ont plus accès à une eau réellement potable. A cause des produits toxiques, on compte dans certaines régions 25 fois plus de cancers que le reste du monde. De nombreuses femmes souffrent d’anémie, et la mortalité infantile augmente fortement.

De plus, la disparition de la mer d’Aral aurait pu avoir une autre conséquence dramatique. En effet, en 1936, l’Union soviétique a bâti sur l’île de Vozrojdénia un laboratoire de recherche sur les armes bactériologiques. De nombreuses expériences y ont été menées sur des bactéries responsables de maladies comme la variole, le choléra, ou l’anthrax. Le laboratoire sera fermé peu avant l’effondrement de l’URSS, et les matériaux infectés seront scellés et laissés sur l’île. Mais quelques années plus tard, avec l’assèchement de la mer, l’île devient accessible à pied facilement, tout comme les 300 tonnes de produits pathogènes qu’elle contient. Fort heureusement, les déchets sont neutralisés en 2002 par une équipe américaine, pour éviter qu’ils tombent entre les mains de terroristes.

L’eau, enjeu écologique majeur

Avec le réchauffement climatique, l’eau, élément essentiel à la vie, risque de devenir une ressource précieuse pour de nombreux pays en situation de stress hydrique. Pour éviter qu’elle ne devienne le véritable nerf de la guerre, le monde doit s’adapter, et des initiatives sont justement prises en ce sens. De nouvelles techniques d’irrigation, par exemple, ou des usines de désalinisation de l’eau de mer. Les Etats semblent en tout cas avoir enfin pu se mettre d’accord pour affronter le problème environnemental qui se dresse face à nous, comme le prouve l’accord de Paris sur le climat, signé par presque tous les pays du monde.

Réalisateur : Pierre Lergenmüller

Auteur : Pierre Lergenmüller

Producteur : MAD Films, Triarii Prod, Les Films de la Butte, Arte GEIE

Année de copyright : 2017

Année de production : 2017

Publié le 27/10/22

Modifié le 10/01/23

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