Vidéo : 20 mai 1802 : Napoléon légalise à nouveau l'esclavage

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RFI
Histoire02:24Publié le 03/05/2021

20 mai 1802 : Napoléon légalise à nouveau l'esclavage

Napoléon

L’abolition de l’esclavage de 1794 n’a pas été appliquée dans toutes les colonies françaises. Quand, en 1802, la France retrouve la paix par le traité d’Amiens, Bonaparte fait adopter le 20 mai un décret-loi qui légalise de nouveau l’esclavage là où il n’a pas été aboli.

L’abolition de l’esclavage de 1794

Le 4 août 1789, la Révolution française décrète l’abolition des privilèges, sans appliquer aux esclaves le principe d’égalité devant la loi. Dans les années qui suivent, les esclaves se soulèvent en Guadeloupe et à Saint-Domingue (l’actuelle Haïti).

Le 4 février 1794, la Convention vote l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises, sous l’influence de la Société des amis des Noirs, fondée par l’abbé Grégoire et des nobles libéraux, comme Lafayette et Condorcet. Mais cette première abolition ne prend effet qu’en Guadeloupe et à Saint-Domingue. Elle n’est pas appliquée dans les colonies de l’océan Indien, ni à la Martinique, occupée par les Anglais.

Napoléon légalise l'esclavage

Le 25 mars 1805, le traité de paix d’Amiens met un point final à la 2e coalition européenne contre la France. Pour la première fois depuis la chute de la royauté, la France savoure la paix. L’Angleterre lui restitue la Martinique, Tobago et Sainte-Lucie. Premier consul, Napoléon Bonaparte veut ménager les autres pays d’Europe qui, tous, pratiquent encore l’esclavage et craignent la « contagion abolitionniste ». De plus, les troubles dans les colonies ont fait partout baisser la production, notamment sucrière. Le pouvoir pris par Toussaint-Louverture à Saint-Domingue inquiète. Il s’est nommé gouverneur général à vie de l’île.

Pour rassurer les colons, Bonaparte fait préparer un texte prévoyant un double statut :

  • légalisation de l’esclavage, là où il n’a pas été aboli ;
  • maintien de l’abolition, là où elle a été appliquée.

Le décret-loi du 20 mai 1802 stipule :

  • Art. 1 – Dans les colonies restituées à la France en exécution du traité d’Amiens du 6 germinal an X, l’esclavage sera maintenu conformément aux lois et règlements antérieurs à 1789.
  • Art. 2 – Il en sera de même dans les autres colonies françaises au-delà du Cap de Bonne-Espérance (c’est-à-dire les Mascareignes, principalement La Réunion et l’Ile de France, l’actuelle Maurice).
  • Art. 3 – La traite des noirs et leur importation dans lesdites colonies auront lieu conformément aux lois et règlements existants avant ladite époque de 1789.

En Guadeloupe, non visée par le décret, l’esclavage est rétabli par la force lors de l’expédition sanglante du général Richepanse, de main à juillet 1802.

La révolte des esclaves de Haïti

A Saint-Domingue, les corps expéditionnaires chargés de rétablir la souveraineté française se succèdent. Toussaint-Louverture est arrêté pour traîtrise et déporté. Mais, devant les anciens esclaves, l’armée française capitule en novembre 1803. Exilé en métropole, Toussaint-Louverture meurt dans sa cellule. L’ancien lieutenant de Louverture, Jean-Jacques Dessalines, proclame l’indépendance de l’ancienne colonie le 1er janvier 1804. Elle prend le nom d’Haïti.

La traite sera interdite en mars 1815 par Napoléon lors de son éphémère retour au pouvoir. Il faudra attendre 33 ans pour voir l’esclavage définitivement aboli en France, le 27 avril 1848.

Nom de l'auteur : Ariane Poissonnier

Producteur : RFI

Année de copyright : 2018

Publié le 03/05/21

Modifié le 21/04/23

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