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Histoire03:40Publié le 05/11/2021

André Malraux rend hommage à Jean Moulin au Panthéon en 1964

Archives Ina - La Ve République

Le 19 décembre 1964 se tient la cérémonie du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon et elle est retransmise en direct à la télévision. André Malraux, alors ministre de la Culture du président Charles de Gaulle, lui rend un vibrant hommage. Voici son discours :

L’hommage d’André Malraux à Jean Moulin

« Voici la victoire de ce silence atrocement payé. Le destin bascule. Chef de la Résistance martyrisé dans des caves hideuses, regarde de tes yeux disparus toutes ces femmes noires qui veillent nos compagnons, elles portent le deuil de la France et le tien. Regarde glisser sous les chênes nains du Quercy, avec un drapeau fait de mousseline nouée, les maquis que la Gestapo ne trouvera jamais, parce qu’elle ne croit qu’aux grands arbres.

Regarde le prisonnier qui entre dans une villa luxueuse et se demande pourquoi on lui donne une salle de bain - il n'a pas encore entendu parler de la baignoire.

Comme Leclerc entra aux Invalides, avec son cortège d'exaltation dans le soleil d'Afrique, entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège. Avec ceux qui sont morts dans les caves sans avoir parlé, comme toi; et même, ce qui est peut-être plus atroce, en ayant parlé; avec tous les rayés et tous les tondus des camps de concentration, avec le dernier corps trébuchant des affreuses files de Nuit et Brouillard, enfin tombé sous les crosses; avec les huit mille Françaises qui ne sont pas revenues des bagnes, avec la dernière femme morte à Ravensbrück pour avoir donné asile à l'un des nôtres. Entre avec le peuple né de l'ombre et disparu avec elle - nos frères dans l'ordre de la Nuit...

Commémorant l'anniversaire de la Libération de Paris, je disais: «Ecoute ce soir, jeunesse de mon pays, les cloches d'anniversaire qui sonneront comme celles d'il y a quatorze ans. Puisses-tu, cette fois, les entendre: elles vont sonner pour toi».

L'hommage d'aujourd'hui n'appelle que le chant qui va s'élever maintenant, ce Chant des partisans que j'ai entendu murmurer comme un chant de complicité, puis psalmodier dans le brouillard des Vosges et les bois d'Alsace, mêlé au cri perdu des moutons des tabors, quand les bazookas de Corrèze avançaient à la rencontre des chars de Runstedt lancés de nouveau contre Strasbourg. Ecoute aujourd'hui, jeunesse de France, ce qui fut pour nous le chant du malheur. C'est la marche funèbre des cendres que voici. A côté de celles de Carnot avec les soldats de l'an II, de celles de Victor Hugo avec « Les Misérables », de celles de Jaurès veillées par la justice, qu'elles reposent avec leur long cortège d'ombres défigurées. Aujourd'hui, jeunesse, puisses-tu penser à cet homme comme tu aurais approché tes mains de sa pauvre face informe du dernier jour, de ses lèvres qui n'avaient pas parlé; ce jour-là, elle était le visage de la France. »

Producteur : INA

Année de copyright : 1964

Publié le 05/11/21

Modifié le 05/11/21

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