L’opposition sunnites-chiites : l’explication aux conflits du Moyen-Orient ?

La rivalité entre sunnites et chiites est fréquemment utilisée pour expliquer les conflits au Moyen-Orient. Cette affirmation est-elle convaincante ? Faut-il prendre en compte d'autres facteurs ? Géopoliticus te décrypte la situation 👇.

répartition des musulmans sunnites et chiites dans le monde

• Les sunnites sont majoritaires dans le monde. Aujourd’hui, 90 % des musulmans sont sunnites.
• Les chiites sont donc minoritaires au sein de la communauté musulmane, la oumma. On les trouve principalement en Iran, en Irak, au Liban, en Syrie, au Yémen mais aussi au Bahreïn, en Azerbaïdjan et en Arabie saoudite.

D’où vient la différence entre chiites et sunnites ? 

À l’origine de la division entre chiites et sunnites, il y a un problème de succession à la mort du prophète Mohammed (Mahomet), en 632. Ali, cousin et gendre du prophète, 4^e successeur, est assassiné. Abou Bakr est choisi comme calife en conclave selon la tradition tribale. Les partisans d’Ali - les chiites - n’accepteront jamais le règne des califes officiels suivants qui vont se dénommer sunnites parce qu’ils affirment représenter la tradition, la sunna. ► L’opposition chiite-sunnite est donc dès le début plus une question politique que religieuse.

chiites-sunnites, une opposition politique avant tout

Pour certains observateurs, les tensions au Moyen-Orient s'expliquent par cette opposition sunnites-chiites. Cette lecture est notamment utilisée :

• En 1979, en Iran, au moment de la chute du Chah. Les appels du nouveau dirigeant chiite, Ruhollah Khomeini, à étendre la révolution iranienne à toute la région, font craindre aux régimes sunnites d’être renversés.
• En Irak, en 2003. La chute de Saddam Hussein permet aux chiites de prendre le pouvoir, ce qui inquiète les sunnites.
• En 2004, avec le roi Abdallah de Jordanie et le président égyptien Hosni Moubarak, tous deux sunnites. Ces derniers utilisent le terme de « croissant chiite » pour alerter sur les dangers que représentent selon eux, le renforcement des pouvoirs et des organisations chiites dans la région.

La seule opposition sunnites-chiites n’est cependant pas véritablement satisfaisante. Pourquoi ? Parce que ce sont les luttes d’influence et de puissance politiques et géopolitiques qui restent essentielles. Le facteur religieux n’est donc finalement qu’un paramètre parmi beaucoup d’autres (politique, économique, social, démographique).

Tensions entre pays sunnites

On constate d’ailleurs que de nombreuses tensions existent entre pays majoritairement sunnites.

• Par exemple, entre 2013 et 2021, la Turquie et l’Égypte sont en froid. La raison : le président Turc, Erdogan, ne reconnait pas la prise du pouvoir par Abdel Fattah al-Sissi en Égypte.
• Entre 2017 et 2021, les relations entre l’Arabie saoudite et le Qatar, deux pays sunnites, sont tendues. Le premier reproche au second d’être trop proche de l’Iran et des Frères musulmans.

Collaborations entre pays sunnites et chiites

À l’inverse, les exemples d’entente et de soutien entre les organisations ou les pays chiites et sunnites sont nombreux. Le plus célèbre est la coopération entre le Hamas palestinien sunnite et le Hezbollah libanais chiite dans leur lutte contre l’État d’Israël.

► Pour conclure, analyser la situation au Moyen-Orient sous le seul prisme de l’opposition sunnites-chiite n’est pas suffisant. Et ce, même si cette opposition est largement instrumentalisée par les états, au service de leurs intérêts géopolitiques.

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