Le canal de Panama : histoire et tensions

Espace stratégique d'Amérique centrale, le canal de Panama est un passage maritime qui relie les océans Atlantique et Pacifique. Géopoliticus te retrace l’histoire de sa construction et t'explique les enjeux géopolitiques qui l’entourent 👇.

Construction du canal de Panama au XIX^e siècle : un chantier pharaonique et politique

Par sa géographie, l’isthme panaméen s’impose comme un territoire stratégique. Les projets de percement du canal se développent au XIX^e siècle. Le Panama est alors sous souveraineté colombienne. À compter de 1881, la Compagnie universelle du canal interocéanique de Panama, entreprise française dirigée par Ferdinand de Lesseps qui avait dirigé le percement du canal de Suez, gère le chantier. Mais les difficultés techniques l’interrompent. Les États-Unis y voient un moyen de relier plus rapidement leurs deux côtes en évitant le périlleux cap Horn. Ils reprennent le projet à leur compte, mais ne parviennent pas à signer d’accord avec la Colombie.

Le canal de Panama sous contrôle des États-Unis

L’indépendance du Panama le 3 novembre 1903, relance le projet. Les États-Unis, signent alors avec le nouvel État l’accord Hay-Bunau-Varilla. Ils obtiennent une concession à perpétuité sur le canal et la zone le bordant, contre quelques millions de dollars annuels. Le canal est inauguré le 15 août 1914. La mainmise des États-Unis nourrit ressentiment et nationalisme parmi la population panaméenne. Dès 1947, des émeutes éclatent. Celles des 9 et 10 janvier 1964 font 25 morts et provoquent une rupture diplomatique entre les États-Unis et Panama. En 1968, le général Torrijos prend le pouvoir au Panama. Il renégocie l’accord avec Washington. Le traité Torrijos-Carter entre en vigueur en 1979. Il prévoit de mettre fin à la présence américaine et rend la gestion du canal au Panama, 20 ans plus tard.

Gestion du canal par le Panama et ports sous influence chinoise

En décembre 1999, c’est chose faite : le Panama récupère le canal. Il est depuis administré par l’Autorité du canal de Panama, indépendante du pouvoir politique. 5 à 6 % du commerce maritime mondial y transitent. Le canal nourrit les intérêts d’autres puissances. Depuis la fin des années 1990, les ports de Balboa et Cristobal, de part et d’autre du canal, sont sous le contrôle de la société hongkongaise Hutchison Ports Holding. Pékin s’est, par ailleurs, imposé comme le deuxième utilisateur du canal. Cela pousse Donald Trump à dénoncer désormais une supposée prise de contrôle du canal par la Chine, en plus de tarifs que le président américain juge excessifs. Il dit ainsi vouloir, depuis son retour à la Maison-Blanche, « récupérer » le canal de Panama.

Forte pression des États-Unis pour maintenir sa puissance dans la région

Le poids commercial des États-Unis a récemment fait évoluer les positions des acteurs privés et autorités panaméennes autour du canal. La société Hutchison Ports Holding a annoncé, en mars 2025, la vente de ses parts dans des infrastructures portuaires, en particulier panaméennes, actuellement en négociations. Le Panama a, par ailleurs, annoncé son retrait du projet chinois des nouvelles routes de la soie, qu’il avait intégré en 2017. Et le pays a signé, en avril 2025, un protocole d’accord avec Washington autorisant le retour, 25 ans plus tard, de manière temporaire, de soldats américains sur son sol, témoignant du maintien d’une forte influence des États-Unis dans la région.

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