Soudan, une guerre sans fin ?

Après des décennies de guerre civile, le Soudan connaît de nouveau de violents combats provoqués par la rivalité de deux généraux aux commandes du pays depuis leur putsch de 2021. Quelle est la raison de ce conflit interne ? Géopoliticus te l'explique.

Des années de guerre civile au Soudan

Le Soudan est le 3^e plus grand pays d’Afrique. Il possède des frontières communes avec la Lybie, l’Égypte, le Tchad, la République centrafricaine, l’Érythrée et l’Éthiopie. Le Soudan du Sud a pris son indépendance en 2011. Le Soudan a connu des décennies de guerre civile en raison de tensions ethniques, politiques, religieuses et économiques. Les conséquences ont été dévastatrices pour la population. Des millions de personnes ont été déplacées, des milliers ont été tuées et des millions d'autres dépendent de l'aide humanitaire. Le plus marquant de ces conflits est la guerre du Darfour entre 2003 et 2020. Et, depuis le 15 avril 2023, le Soudan connaît à nouveau une guerre interne.

Soudan : la guerre entre deux généraux

En 2019, après 30 ans au pouvoir, le dictateur Omar el-Béchir est renversé. Deux hommes vont alors se partager le pouvoir :

• le général al-Burhane qui prend le pouvoir par un coup d’État en 2021
• son second, Mohamed Hamdan Daglo, dit Hemetti, qui était à la tête de la milice paramilitaire Janjawid au moment de la guerre du Darfour

D'abord unis, ces deux hommes et leurs armées finissent par s’affronter.

Derrière la guerre civile au Soudan, l'ombre des soutiens internationaux

• Soutenu par l’Egypte, le général al-Burhane s’est montré conciliant avec les islamistes proches de l’ancien dictateur Omar el-Béchir, alors que ce n’est pas la ligne politique défendue par l’Egypte du président al-Sissi. Malgré cela, l’Égypte préfère un Soudan dirigé par le général al-Burhane qu’elle connaît, quitte à accepter le retour d’islamistes radicaux.
• Hemetti, lui, soutient clairement la transition et le retour au pouvoir des civils. Il s’oppose aussi à toute forme de pardon vis-à-vis des groupes islamistes. Ces positions lui valent d’être soutenu par les jeunes Soudanais, et trouvent un écho favorable au sein de la communauté internationale. Grâce à sa fortune issue de l’exploitation de mines d’or au Darfour, Hemetti achète des armes aux Russes via la Libye ou la Centrafrique. Hemetti est aussi proche des miliciens russes de Wagner. Les Russes financent leur présence militaire en exploitant notamment les ressources minières et pétrolières locales.

L’Égypte, alliée de l’Occident, ne verrait pas d’un très bon œil l’arrivée du général Hemetti à la tête du Soudan avec derrière lui, les Russes et leur milice.

Réfugiés et déplacements de population

Le Tchad, quant à lui, est le pays qui a le plus à craindre d'un conflit au Soudan et d’une reprise de la guerre au Darfour. Cette région est à nouveau un foyer d’instabilité avec d’importants mouvements de population et la reprise de trafics en tous genres. En juillet 2023, avec la reprise de la guerre civile, 3 millions de Soudanais ont été forcés de quitter leurs maisons. 600 000 d’entre eux ont fui le Soudan pour l’Égypte et le Tchad. L’ONU, quant à elle, dénonce des combats qui prennent une « dimension ethnique », notamment au Darfour, faisant craindre à la communauté internationale, un retour au chaos des années 2000.

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