L'ascension de Vladimir Poutine

Le 31 décembre 1999 à Moscou, le Président russe Boris Eltsine crée la surprise : lors de son traditionnel discours de vœux en direct à la télévision, il annonce sa démission et désigne son successeur : un certain Vladimir Poutine, 47 ans, inconnu du grand public il y a encore quelques mois. Alors que personne ne l’attendait là, l’ex-petit caïd de Leningrad est devenu maître du Kremlin.

Vladimir Poutine, ancien petit caïd de Leningrad

Vladimir Poutine est né en 1952 dans la ville de Leningrad, devenue aujourd'hui Saint-Pétersbourg. À l’époque, l’Union des républiques soviétiques socialistes (URSS) est encore marquée par la Seconde Guerre mondiale. Dans son quartier où règnent la misère et la violence, le jeune Vladimir se fait respecter à la force de ses poings. En 1975, après des études de droit, il réalise son rêve en rejoignant les services secrets soviétiques. Le voilà espion du KGB. En 1985, il est affecté à Dresde, en Allemagne de l’Est. Sous le nom de code « Platov », il remplit des missions de surveillance monotones, bien loin de la vie d’agent secret dont il rêvait. Mais en 1989, la chute du mur de Berlin replace Vladimir Poutine au centre de l’histoire. Depuis Dresde, l’espion assiste à l’effondrement de l'empire soviétique. Il reste impuissant face à la foule qui prend d’assaut les bureaux du KGB. Cette nuit marque profondément Vladimir Poutine et fait naître chez lui une ambition tenace : restaurer la puissance de la Russie. En 1990, de retour dans son pays, Poutine doit se réinventer. En moins de dix ans, il va passer du statut d’inconnu à celui de président.

Poutine, d'espion à président dans une Russie en crise

En 1990, après l'effondrement de l'URSS, la Russie sombre dans la crise. La transition vers l’économie de marché vire au chaos. Les fonctionnaires ne sont plus payés. Les rayons des magasins sont vides. Le prix du pain atteint des sommets… et la population est accablée par la misère. Gangrenée par l'anarchie et la corruption, la Russie est dépecée par les oligarques, de puissants hommes d’affaires qui s’enrichissent en s’appropriant des biens de l’État. C’est dans ce contexte difficile que Vladimir Poutine va rebondir en politique.

• En juin 1990, il devient conseiller d’Anatoli Sobtchak, futur maire de Saint-Pétersbourg. Dans ce milieu où règne la corruption, Poutine grimpe rapidement les échelons du pouvoir grâce à sa discrétion, son efficacité et sa loyauté envers ses supérieurs.
• En 1996, le président Boris Eltsine le prend sous son aile.
• En 1998, Poutine est nommé chef des services secrets.
• En 1999, il est choisi comme Premier ministre. Boris Eltsine est alors affaibli par des scandales et sa popularité est en chute libre. Mais le 31 décembre 1999, personne ne s’attend à l’annonce qu’il va faire : le maître du Kremlin, bouffi par son addiction à l’alcool, abandonne son poste. Désigné président par intérim, Vladimir Poutine apparaît comme un choix de transition, en attendant les élections, trois mois plus tard. En réalité, ce sont les prémices d’un long règne, marqué par des démonstrations de force.

Poutine et ses démonstrations de force d'homme d'État

À la fin de l’été 1999, les grandes villes russes sont frappées par une série d’attentats à la bombe qui font plus de 300 morts. Le doute persiste encore aujourd’hui sur les responsables. Mais Vladimir Poutine, alors Premier ministre, accuse les indépendantistes tchétchènes. La guerre de Tchétchénie est relancée, 3 ans après un premier conflit meurtrier dans cette région du Caucase. En écrasant les indépendantistes, Poutine affiche sa poigne de fer et renforce sa popularité auprès des Russes.
En mars 2000, après 3 mois d’intérim, il est officiellement élu président de la Fédération de Russie. Parvenu au sommet du pouvoir, Poutine décide de mettre au pas les oligarques. Eux qui voyaient en lui un pantin facile à contrôler. Ceux qui résistent sont accusés de corruption, dépossédés de leurs biens ou emprisonnés. Vladimir Poutine en profite pour renationaliser des secteurs stratégiques comme le pétrole et le gaz, et permettre ainsi la relance de l’économie. Il amorce un virage répressif en Russie. Les droits des minorités sont sévèrement restreints. La presse indépendante est réduite au silence. En 2006, Anna Politkovskaïa, une journaliste critique envers le pouvoir, est mystérieusement assassinée. Poutine, lui, consolide son pouvoir sans partage.
► En 2020, celui que l’on surnomme « le Tsar » fait réformer la constitution pour prolonger encore son mandat à la tête de la Russie. De quoi potentiellement faire de lui un Président à vie.

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