Tian'anmen

Le 4 juin 1989, des centaines de milliers de manifestants sont réunis sur la Place Tian’anmen à Pékin. Depuis plus de six semaines, ils réclament l’instauration d’un régime démocratique. Mais vers minuit, l’armée reçoit l’ordre d’évacuer les lieux. Les chars investissent les rues et les militaires tirent à la mitraillette sur la foule. La répression est extrêmement violente et la manifestation pacifique tourne au bain de sang…

L’homme au char, symbole de Tian’anmen

Le lendemain, alors que les blindés quittent la place, un homme se dresse, seul, mains nues, face à eux. La scène, stupéfiante, est filmée par un journaliste de CNN et l’image fait aussitôt le tour du monde, devenant le symbole de ce deuxième printemps de Pékin.

1979, le premier printemps de Pékin

Après la mort de Mao Zedong, au pouvoir depuis 1949, un vent de changement souffle sur la Chine. Le Parti communiste se transforme et en 1978, son nouveau leader, Deng Xiaoping, met en place un vaste programme de réformes. Avec ses «  quatre modernisations » il relance l’agriculture, l’industrie, la défense et la science. La Chine s’ouvre au commerce mondial, le niveau de vie augmente et le pays se développe à toute vitesse. Dans ce climat plein d’espoir, des voix commencent à s’élever pour réclamer une cinquième modernisation : la démocratie.

Le mur de la démocratie

Des affiches, placardées sur un mur du centre de Pékin, réclament des élections libres, la reconnaissance des libertés individuelles et la fin de la corruption. Au printemps 1979, une foule nombreuse se réunit aux abords de ce « mur de la démocratie ». C’est le premier printemps de Pékin. Mais le Parti communiste réprime rapidement le mouvement. L’inflation augmente, les inégalités se creusent et dix ans plus tard, la mort de Hu Yaobang déclenche le deuxième printemps de Pékin.

Sur la place Tian’anmen, l’hommage des étudiants à Hu Yaobang

Le 15 avril 1989, Hu Yaobang, ancien secrétaire général du Parti Communiste décède d’une crise cardiaque. Démis de ses fonctions pour avoir défendu des réformes démocratiques, sa mort suscite une grande émotion parmi les étudiants. Dès le lendemain, ils se rendent par milliers sur la place Tian’anmen, haut lieu du pouvoir chinois, pour rendre hommage à celui qui incarnait l’ouverture politique du pays.

Le deuxième printemps de Pékin

C’est le début du deuxième Printemps de Pékin. Alors qu’au même moment l’Union soviétique chancelle et que le mur de Berlin s’apprête à tomber, le gouvernement chinois, lui, résiste. Au mois de mai, une centaine d’étudiants entame une grève de la faim. Les manifestations prennent de l’ampleur et se propagent dans le pays. L’espoir grandit. Les étudiants sont rejoints par des ouvriers, des travailleurs et des intellectuels. Avec une audace inédite dans l’histoire de la Chine, ils sont bientôt des centaines de milliers à manifester et à réclamer le départ de Deng Xiaoping.

Le massacre de la place Tian’anmen

Le 20 mai, la loi martiale autorise le recours à la force armée et le 4 juin, les espoirs démocratiques sont écrasés dans le sang sur la place Tian’anmen… L’événement, tragique, fait pourtant encore partie d’une mémoire interdite.

Le silence des autorités chinoises

Au lendemain du massacre de Tian’anmen, les condamnations pleuvent dans le monde entier. Mais dans la presse officielle chinoise, pas une ligne ne paraît. Trente ans après les faits, les autorités chinoises continuent de nier et d’empêcher toute commémoration. Allumer une simple bougie à la mémoire des victimes est interdit.  Quant à l’homme qui s’est dressé seul face aux chars le 5 juin sur la place Tian’anmen, son image est encore dans toutes les mémoires mais personne ne sait ce qu’il est devenu.

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