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audio - Algérie : zone interdite
Les mémoires de la guerre d'Algérie
A la rencontre des villageois du djebel, déplacés de force pendant la guerre d’Algérie, obligés de quitter leurs montagnes, regroupés dans des camps, parqués sur la plage. « Descendre du djebel, ce sera mieux que de mourir ici ». Ces témoignages sont éclairés par l’intervention de Sylvie Ténault chercheuse au CNRS de Lyon au centre d’histoire sociale du XXe siècle.
La vie dans la montagne, avant le regroupement
C'est la vie rude et dure des paysans à la montagne. Les villageois voient peu les Français. Quand ces derniers viennent dans le djebel, c'est pour donner des amendes et des convocations ; ce qui révolte intérieurement les algériens. En parallèle, les villageois sont facilement au contact de l’ALN (l’Armée de Libération Nationale). En juillet 1956, les moudjahidine arrivent dans un village en tenue civile et sans armes : ils viennent pour parler. A la fin de la semaine, ils décident d'installer dans le village un refuge de responsables politiques. Dès lors les villageois doivent les ravitailler, les cacher et surtout ne rien dire de leurs activités. En 1957 : ce sont de plus grands groupes qui doivent à nouveau être pris en charge dans différents villages. Pour ceux qui n’obéissent pas, la réponse est immédiate : un villageois ou sa famille peut être frappé, tué, égorgé...
Pacifier en évacuant la population locales
Dans ce village, les indépendantistes installent également une école coranique, présidée par le commissaire politique de l’ALN. Quand l'armée française arrive, les enfants s'échappent mais les militaires trouvent des exemplaires du Coran. 3 jours après, l'aviation française envoie des jaguars qui survolent et bombardent l’école désertée et les maisons autour. Entre temps, la bataille d’Alger fait beaucoup de morts dans les deux camps. Les autorités françaises décident de pacifier un maximum de régions et de villages, pour asphyxier le FLN, soutenu par les villages du djébel. Ils déclarent ces endroits de la montagne zones interdites. Les soldats français rassemblent les femmes et les enfants qui restent. Certains hommes sont déjà partis. Les camions se dirigent vers les camps de regroupements sur la plage.
Depuis quand les Zones interdites existent ?
Sylvie Ténault, chargée de recherche au CNRS, au centre d’histoire sociale du XXe siècle précise que les Zones interdites existent depuis le début de la guerre, avec une intensification après le retour du général de Gaulle en 1959. Le général Challe développe alors un plan pour éradiquer les maquis, région par région. L’armée française avance et déplace les populations, qui sont un soutien de l’ALN à cette époque. Du point de vue de l’armée, c’est évidemment plus facile de contrôler une population concentrée, mais la réalité est dure : les villageois se retrouvent nombreux dans des lieux non équipés, et les plages deviennent de véritables camps.
Auteur : Valérie Nivelon / La Marche du monde
Producteur : RFI
Année de copyright : 2012
Publié le 23/03/22
Modifié le 30/12/22
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