icu.next-video

Contenu proposé par

France Télévisions

Regarde cette vidéo et gagne facilement jusqu'à 15 Lumniz en te connectant !

Il n’y a pas de Lumniz à gagner car tu as déjà vu ce contenu. Ne t’inquiète pas, il y a plein d’autres vidéos, jeux, quiz ou articles intéressants à explorer et toujours plus de Lumniz à remporter.

->   En savoir plus
Histoire03:53Publié le 13/07/2022

audio - Lettre d'Alice Grunebaum à Georges Scapini, ambassadeur de France

Les Suppliques

Née en 1890 à Paris, Alice Grunebaum vit à Libourne en 1942. Elle écrit à Georges Scapini, ambassadeur de France, pour demander la libération de sa fille Nelly, arrêtée et déportée pour non port de l'étoile jaune, qui était cousue sur le chandail qu'elle tenait à la main.

Supplique d'Alice Grunebaum et réponse du CGQJ

« Libourne, 1942.

Monsieur l’Ambassadeur,

C'est une mère éplorée qui s'adresse à vous, pour vous demander d'intervenir en faveur de ma fille, Nelly Grunebaum, née à Paris (10e) le 21 août 1921, étudiante en pharmacie à la Faculté de Bordeaux, demeurant avec nous, au 71 rue Thiers à Libourne, arrêtée le 21 juin dernier, dans cette ville, par un gendarme allemand, et condamnée à 2 mois de prison pour un motif futile. Au moment où elle a été appréhendée, elle avait posé sur son bras, par une chaleur accablante, la jaquette qu'elle portait sur elle quelques minutes auparavant, et sur laquelle était fixée l'étoile que doivent porter les ressortissants Juifs. (L'étoile était apparente sur son bras ce qui prouvait la bonne foi de l'enfant ?)

Conduite à la prison de Libourne, transférée deux jours après au “Fort du Hâ” à Bordeaux où elle a été incarcérée.

Le 26 juin, on lui a signifié son jugement : (2 mois de prison.)

Extraite du Fort du Hâ le 17 juillet, conduite au camp de concentration de Mérignac, elle en quittait le 18 juillet au matin parmi de nombreuses Juives étrangères, et après une nuit passée au camp de Drancy, pour une destination inconnue.

Notre fille était alors vêtue très légèrement, rien ne pouvant nous laisser prévoir une déportation, (il faisait ce jour-là une chaleur accablante,) et pour elle, actuellement, nous redoutons le pire, avec les rigueurs de l'hiver !

Nous avons appris qu’un accord avait été conclu entre le Gouvernement de Paris et les autorités allemandes d'occupation, pour le rapatriement de 19 françaises, dont notre fille, qui se sont trouvées mêlées à ces convois de Juives étrangères, mais nous n'avons toujours aucune nouvelle d'elle, depuis son départ de Drancy ! 

Ma famille est de vieille souche Française : mon père est né à Paris, le 10 mai 1861, ma mère à Libourne, le 20 janvier 1867. Mon mari, ancien combattant de la guerre de 1914-1918, a été prisonnier durant 50 mois (titulaire de la carte du Combattant du département de la Seine). Mon fils né le 8 juillet 1914, à Paris, est titulaire de la Croix de guerre avec 2 citations homologuées.

Or, la peine de ma fille étant terminée depuis 3 mois, j'ose espérer, Monsieur l'Ambassadeur que vous aurez pitié de notre détresse et que vous ferez tout ce qui est en votre pouvoir, pour que notre enfant nous soit rendue rapidement.

Veuillez croire, Monsieur l'Ambassadeur, avec ma reconnaissance infinie, à l'assurance de mes sentiments respectueux et distingués.

Madame Jacques Grunebaum

71, rue Thiers

Libourne »

 

Réponse du CGQJ (Commissariat général aux questions juives à Alice Grunebaum

« Le 13 janvier 1943,

Madame,

La Délégation Générale du Gouvernement Français dans les Territoires Occupés m’a communiqué le 7 janvier 1943, votre lettre par laquelle vous attirez l’attention de son Excellence, Monsieur l’Ambassadeur de Brinon, sur le cas de votre fille, internée au camp de Drancy et qui a quitté ce camp pour une destination inconnue.

Je vous informe, que dans les circonstances présentes, il ne m’est pas possible de donner une suite favorable à votre requête, les Autorités d’Occupation, m’ayant fait connaître qu’aucune demande concernant les internés ne devait leur être transmise. 

Recevez, Madame, mes salutations distinguées. »

► Découvrez également en écoute les autres suppliques.

Producteur : La Générale de Production

Année de copyright : 2022

Année de production : 2022

Publié le 13/07/22

Modifié le 13/07/22

Ce contenu est proposé par