Klaus Barbie, accusé de crimes contre l'humanité

Après 4 années d’instruction, la justice française va enfin juger Klaus Barbie. Durant cette procédure, il a fallu identifier les actes commis par le chef de la Gestapo de Lyon pouvant entrer dans le cadre juridique du crime contre l’humanité.

La traque de l'après-guerre

Si dans un premier temps ne furent retenus que 3 dossiers liés à la déportation des Juifs, l’inculpation s’élargira finalement à la torture et à la déportation de résistants. L’accusé a 74 ans au moment de l’ouverture de son procès. C’est la fin d’une cavale de près de 40 ans. Après la guerre, on le recherche mais on ne le trouve pas. Il n’est pas resté en France. Comme beaucoup de criminels nazis, il a fui vers l’Allemagne. Quand Klaus Barbie revient clandestinement se cacher dans l’Allemagne vaincue, le monde découvre l’ampleur des crimes de masse commis par les nazis et la réalité des camps d’extermination. Si les Américains traquent un certain nombre de criminels nazis afin d’engager les premiers procès, ils vont aussi savoir composer avec certains autres. Il y a deux catégories qui intéressent les Alliés, pas pour les juger mais pour les récupérer, ce sont les scientifiques et les policiers. Sont recherchés des gens qui ont des expertises. Les principaux ennemis des nazis étaient les résistants et parmi eux il y avait les communistes. Barbie a une connaissance de ces réseaux. Ils font une exception pour lui parce qu’il est très compétent en matière anticommuniste. C’est le début de la guerre froide, l’anticommunisme est l’enjeu qui domine l’impératif de dénazification.

Où est allé se cacher Klaus Barbie ?

Les services secrets français identifient Klaus Barbie dès 1948 et la justice lance contre lui plusieurs mandats d’arrêt. Mais les Américains le protègent et organisent bientôt son exfiltration. En 1951, Klaus Barbie devient Klaus Altman et se voit délivrer par la Croix-Rouge un visa légal d’immigration. Avec sa femme et ses deux enfants, il s’envole pour la Bolivie. L’ancien nazi se fond dans une ville ceinturée de montagnes à plus de 3 500 mètres d’altitude et 10 000 km de l’Europe. Il va renaître en Bolivie. Et pourquoi en Bolivie ? Parce que la Bolivie est sous le régime de dictatures successives et qu’il y retrouve des compagnons nazis et qu’il va s’exprimer pleinement dans ce régime. Le pouvoir bolivien est à travers lui le pouvoir des services américains et ont recruté Barbie, lui ont donné un grade, etc. Il va constituer un commando des « Fiancés de la Mort » chargé de faire disparaitre les opposants au régime. C’est un collaborateur actif du ministre de l’Intérieur. Protégé par le gouvernement bolivien et sa nouvelle nationalité, Barbie va échapper pendant près de 30 ans à l’extradition vers la France malgré sa condamnation pour crime de guerre en 1952 et 1954.

👉 Découvre les autres extraits du documentaire Le procès de Klaus Barbie.