L'alerte d'Einstein sur le risque nucléaire

Les 6 et 9 août 1945, deux bombes nucléaires sont larguées sur le Japon : la première sur la ville d'Hiroshima, et la seconde sur celle de Nagasaki. Des dizaines de milliers de personnes sont anéanties. À l'origine, l'arme atomique ne visait pas le Japon mais l'Allemagne. Retour sur l'histoire de la course à l'atome, pendant la Seconde Guerre mondiale, entre le III^e Reich et les États-Unis.

L'alerte d'Albert Einstein

Après la chute de Varsovie fin septembre 1939, le Royaume-Uni et la France déclarent la guerre à l'Allemagne. Au même moment, le président américain Franklin Roosevelt reçoit à la Maison Blanche Alexander Sachs. L'économiste lui transmet une lettre d'Albert Einstein :

Ces 4 derniers mois il est devenu possible, grâce aux travaux de Joliot en France et ceux de Fermi et Szilard en Amérique, de déclencher une réaction en chaîne nucléaire avec de grandes quantités d'uranium. Ce nouveau phénomèe pourrait conduire à la construction de bombes. Et il est concevable que des bombes d'un nouveau type, extrêmement puissantes, pourraient être assemblées.

La peur que l'Allemagne ait la bombe atomique

En réalité, l'auteur de cette lettre est le collègue d'Einstein, le physicien Leo Szilard. Mais Einstein la signe pour être sûr d'attirer l'attention de Roosevelt. Il craint que l'Allemagne nazie se dote d'une bombe atomique.

D'origine juive, le savant quitte l'Allemagne en 1933, deux mois avant l'arrivée d'Hitler au pouvoir, pour s'installer aux États-Unis. Des scientifiques juifs le suivent dans son exil.

• Einstein sait ce dont les nazis sont capables, tant dans la haine antisémite que dans le domaine scientifique, car l'Allemagne est le centre mondial de la physique de pointe. Dès décembre 1938, l'Allemand Otto Hahn, aux côtés de Lise Meitner, a réussi à fragmenter de l'uranium en 2 noyaux légers.
• La 1^re fission d'un atome a été réalisée dans l'Allemagne nazie. Et le III^e Reich a lancé un programme de recherche atomique en avril 1939. Il est sur la route de l'arme nucléaire. 

Création d'un Comité de l'uranium

Pourtant Roosevelt ne prête à la lettre d'Einstein et à la situtation en Europe qu'une attention distante. L'opinion publique américaine est fermement isolationniste. 

Notre nation restera neutre. Je l'ai déjà répété maintes fois, j'ai vu la guerre et je déteste la guerre. Aussi longtemps qu'il sera en mon pouvoir de l'éviter, il n'y aura pas d'interruption de la paix aux États-Unis.

Néanmoins, suite à la lettre d'Einstein, il crée à Washington un comité consultatif sur l'uranium, précurseur du projet Manhattan. Il dote le programme de recherche d'une somme modeste et dérisoire : 6 000 dollars ! 

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