Le projet Manhattan et la fission nucléaire

Loin de tout, les équipes du général Groves et de Robert Oppenheimer commencent à travailler sur le projet Manhattan. Et pour gagner en efficacité, Oppenheimer regroupe tous ses savants dans un désert planté au milieu du Nouveau-Mexique.

Le laboratoire de Los Alamos

Le site a été choisi parce qu'il est vaste et isolé, à l'abri des fuites et des espions. Quelques centaines de scientifiques et d'ingénieurs s'y installent, surveillés par des gardes armés. Les savants imaginent le mécanisme de la bombe dans des préfabriqués qui leur assurera la victoire. Mais l'archipel de l'atome est bien plus vaste. Un gigantesque complexe militaro-industriel se forme à travers les États-Unis. La fabrication du combustible nécessite d'énormes ressources. Pour enrichir l'uranium, le site d'Oak Ridge dans le Tennessee sort de terre sur 23 000 ha. Il doit extraire de l'uranium naturel, le seul minerai capable de déclencher une fission nucléaire : l'uranium 235.

Une mobilisation internationale autour du projet

• Pour produire du plutonium, les sites de Hanford, dans l'État de Washington et d'Argonne dans l'Illinois, sont construits.
• Des milliers de savants, d'ouvriers, de techniciens et de militaires sont mobilisés.
• Les universités de Berkeley, Columbia et Chicago y sont associées.
• Le Canada et la Grande-Bretagne se joignent à l'effort. Le site canadien de Chalk River rejoint le réseau. Les Britanniques fusionnent leur programme atomique, surnommé Tube Alloys avec le projet Manhattan.
• Universitaires, ingénieurs, industriels, tous collaborent au plus grand pari scientifique et industriel de la Seconde Guerre mondiale.

Les stocks d'uranium rapatriés du Congo, et qui dormaient depuis 3 ans sur les quais de Staten Island, sont envoyés aux laboratoires. L'enrichissement de l'uranium commence à un rythme d'escargot. C'est une opération qui nécessite une somme colossale d'énergie. Quelques grammes sont produits chaque semaine et sont expédiés à Los Alamos... or il faut en produire au moins 50 kg : un travail de Titan.

Dans le même temps, à l'université de Chicago, une équipe menée par le physicien italien Enrico Fermi déclenche la 1^re réaction en chaîne nucléaire et parvient à la stopper. Un neutron est projeté sur un noyau d'uranium, il le brise en deux et libère de l'énergie et d'autres neutrons. Chaque neutron émis casse à son tour d'autres noyaux d'uranium et la réaction s'autoentretient en produisant de l'énergie. La 1^re pile atomique du monde produit ½ watt, tout juste de quoi allumer une ampoule. On est encore loin du feu nucléaire, mais c'est un début.

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