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Histoire03:21Publié le 13/07/2022

audio - Lettre de Blanche Meyer à Xavier Vallat, commissaire général aux questions juives

Les Suppliques

Révoltée, Blanche Meyer écrit en 1941 à Xavier Vallat, commissaire général aux questions juives, pour signaler la vente, et même le « vol, ni plus, ni moins » de son magasin de fourrures dans le 18e arrondissement de Paris. Elle ne communique pas son adresse, par peur de représailles.

Supplique de Blanche Meyer

« Paris, le 7 décembre 1941.

Monsieur,

Je m’excuse de vous importuner, mais, je tiens à vous signaler que l’on m’a vendu mon magasin de fourrures, 18 rue Duphot, mon gagne-pain et celui de mon mari pensionné de guerre, ancien combattant. Mon mari est alité six mois sur douze, suite de la grande guerre, il a donc fait son devoir, tout son devoir de Français. 

Quant à moi, fille d’alsaciens, j’ai perdu un frère le 25 septembre 1915. J’ai toujours travaillé, j’étais employée de commerce, et c’est à la force du poignet que nous avons pris un magasin, et aujourd’hui, on me le vole, car c’est un vol ni plus, ni moins. J’avais, attenant à ma boutique, un modeste petit intérieur. Chaque chose, je l’ai achetée petit à petit, l’administrateur provisoire a volé, la concierge a volé, le commissaire gérant a volé, je ne cesse de pleurer, on eût mieux fait Monsieur, de nous donner un revolver pour nous suicider. Mon mari a 57 ans, il lui est impossible de se refaire. Voilà dix huit mois que nous ne faisons rien, de braves amis catholiques nous aident et, je ne vous cache pas, sont outrés de ce que l’on nous fait, à nous Israëlites Français. On devrait, naturellement faire une sélection, il y les Juifs étrangers qui ne valent pas grand-chose, et on nous a mélangés avec eux. 

C’est bien triste ! C’est à genoux, Monsieur Vallat, que je vous supplie de nous sauver, de nous rendre ce que l’on nous vole, nous ne l’avons pas pris nous, nous l’avons acquis par notre travail. Actuellement, les fourreurs catholiques s’enrichissent sur le dos des malheureux Israélites Français. J’ai entendu dire par un de ces Messieurs " il n’en faut plus des juifs, il faut qu’ils disparaissent ". Jamais, je n’ai souffert ainsi si cela doit continuer, à bref délai, c’est la mort pour nous. Et le mouvement antisémite qui existe en France, va en grandissant. Je suis avec mon mari dans un coin de campagne, où l’on nous regarde comme des bêtes malfaisantes, juifs, et encore juifs, et toujours juifs. 

Combien de braves catholiques nous disent, nous sommes de cœur avec vous, Monsieur Vallat, ayez pitié de nous, faites quelque chose. Vous me direz que les autorités occupantes ont forcé loi en pays occupé. Peut-être, mais le Gouvernement français que vous représentez peut faire pour nous de reprendre notre place.

Je ne puis vous donner mon adresse, car si on voit l’enveloppe avec Commissariat aux questions juives, ce ne sera pas fini avec ces paysans. J’espère, un jour, Monsieur Vallat, venir vous serrer la main, si toutefois, vous me le permettez.

Je vous prie de recevoir Monsieur, d’une malheureuse Israélite qui n’a jamais fait de mal, l’assurance de ma haute et parfaite considération.

Blanche née Meyer ».

► Découvrez également en écoute les autres suppliques.

Producteur : La Générale de Production

Année de copyright : 2022

Année de production : 2022

Publié le 13/07/22

Modifié le 13/07/22

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