L'art pariétal dans la grotte Chauvet

Dans la grotte de Chauvet, ce ne sont pas de simples dessins qui ont été découverts mais de véritables œuvres d'art. Les nouvelles technologies ont permis de les analyser en détail et de mieux comprendre les artistes.

C'est qui Gilles Tosello ?

Gilles Tosello est sans doute celui qui connaît le mieux les gestes des artistes de la grotte : « Ces courbes au fusain, elles sont diaboliquement faites, avec beaucoup de technique, beaucoup de savoir-faire et souvent elles ont été faites en un seul ou quelques gestes. C’est peu de temps ». Gilles Tosello est l’artisan clé de la réplique monumentale de la grotte : Chauvet 2. Il y a reproduit les deux plus grandes œuvres, un exercice qui l’a obligé à décrypter toutes les techniques utilisées par les artistes.

Quelles techniques ont été utilisées pour réaliser ces dessins ?

D’abord il faut éliminer, racler l’argile, ensuite dessiner au charbon, en noir sur un fond blanc. Le contraste se trouve renforcé. Ils se sont servis de ce fond argileux pour faire des subtilités, par exemple, la tête de lion est argileuse, donc tout n’a pas été effacé. Ce n’est pas juste un effacement systématique. C’est en cela que c’est une démarche artistique car au départ, ce qui est une contrainte imposée par la paroi, devient une source d’inspiration. La paroi est support, matière et elle donne le volume aux représentations.

C'est quoi la photogrammétrie ?

Il a fallu du temps aux membres de la mission pour comprendre comment les artistes ont joué avec les volumes, s’approcher des parois, les regarder sous des angles différents leur était impossible. Mais en 2018, tout change. La photogrammétrie entre dans la grotte Chauvet. Les découvertes ont été faites non pas dans la grotte mais sur l’écran d’un ordinateur. Les clichés numériques depuis quelques années sont d’une telle résolution qu’en zoomant, on voit des détails. Les scientifiques ont à leur disposition un modèle 3D, le double virtuel de la cavité. Enfin, ils peuvent observer les œuvres au plus près des parois et sous tous les angles. Pour fabriquer ce clone numérique, deux appareils photos fixés sur une perche prennent des millions de clichés. Ces photos sont ensuite superposées dans un logiciel pour recréer l’ensemble de la grotte avec ses volumes et ses dessins.

Pourquoi tous ces dessins sont-ils révélés par la 3D ?

Oscar Fuentes est docteur en préhistoire. Au sein de la mission scientifique, il utilise la 3D pour relever les œuvres de la grotte. Grâce à cette numérisation, il découvre des dessins ou des détails jusqu’alors invisibles depuis les passerelles. Il peut faire le relevé du panneau dessin du mammouth depuis son ordinateur car cette partie n’est pas accessible dans la grotte. Le fait d’être en 3D, cela permet de ne pas oublier que les artistes avaient une vision en 3D tout le temps. Ils ont toujours intégré dans leurs dessins les déformations de la paroi. Dans certaines salles, les artistes sont même allés jusqu’à jouer avec les perspectives, en dessinant un bison sur deux parois. Aujourd’hui, on regarde ça avec nos lampes mais ce n’est pas ça l’art paléolithique. En réalité, ça se regarde à la flamme car c’est la flamme qui va donner le volume.

👉 Découvre les autres extraits du documentaire Chauvet, voyage aux origines.