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La marche pour l’égalité et contre le racisme
La grande explicationLe 3 décembre 1983, plus de 100 000 personnes défilent à Paris pour l’égalité et contre le racisme. Partis de Marseille un mois et demi plus tôt avec une petite vingtaine de participants, ces « marcheurs » dénoncent le racisme et les discriminations auxquels sont alors confrontés les immigrés et leurs enfants.
Vague d'immigration d'après-guerre
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la France entre dans les Trente Glorieuses. Les usines tournent bientôt à plein régime, mais le pays manque de main d'œuvre. Le gouvernement français encourage alors l’immigration. Entre 1945 et 1973, des centaines de milliers d'Italiens, d’Espagnols, d'Algériens, de Portugais ou de Marocains arrivent en France pour participer à la reconstruction du pays, et occuper des emplois peu qualifiés dont les Français ne veulent pas. Mais en 1973, la crise économique frappe le pays et le chômage explose.
Montée du racisme
Dans les banlieues populaires, où vivent la plupart des travailleurs immigrés, les conditions de vie sont très difficiles. Les familles s’entassent dans des logements insalubres et subissent le racisme et la discrimination d’une partie de la population. La guerre d’Algérie a aussi laissé des séquelles et une haine anti-maghrébin se répand. En 1983, le Front national, parti d’extrême droite jusqu’alors marginal, connaît ses premiers grands succès électoraux. Son fondateur, Jean-Marie Le Pen, est projeté sur le devant de la scène médiatique, et incarne politiquement la critique de l'immigration. Au début des années 1980, plusieurs épisodes de violences urbaines opposent des jeunes des quartiers populaires à la police. En mars 1983, un groupe d'habitants des Minguettes, dans la banlieue sud de Lyon, entame une grève de la faim. Ils créent l’association « SOS Avenir Minguettes » et revendiquent l’égalité des droits et la fin des violences policières. En juin, son président, Toumi Djaïdja, est blessé par balle par un policier. Quelques semaines plus tard, il lance l’idée d’une grande marche à travers la France.
Organisation d'une grande marche nationale
Le 15 octobre 1983, la cité de la Cayolle à Marseille est le point de départ d’une marche pour l’égalité et contre le racisme. Une vingtaine d’enfants d’immigrés prennent à pied la direction de Paris. Emmenés par Toumi Djaïdja et par le père Christian Delorme, surnommé le curé des Minguettes, ces marcheurs s’inspirent des marches non-violentes du Mahatma Gandhi et de Martin Luther King.
Partis de Marseille dans une indifférence quasi-générale, les participants parcourent 1 500 km et mobilisent de plus en plus de personnes dans les villes qu’ils traversent : le 29 octobre, ils sont 1 000 à manifester à Lyon. Un mois plus tard, ils sont 2 000 à Strasbourg, où ils sont rejoints par la secrétaire d’Etat Georgina Dufoix. Puis le ministre de la culture Jack Lang rallie à son tour le cortège. La marche se politise, et les médias relaient jour après jour l’avancée de ce qu’ils ont rebaptisé « La marche des Beurs ».
Le 14 novembre, un fait divers dramatique fait écho au combat des marcheurs. Un touriste algérien, Habib Grimzi, est jeté d’un train de nuit par trois hommes. Ce nouveau crime de haine choque l’opinion, en pleine Marche pour l'égalité et contre le racisme.
► Le 3 décembre 1983, ce ne sont plus seulement quelques enfants d’immigrés qui défilent à Paris, pour l’arrivée des marcheurs, mais 100 000 personnes issus de toutes les couches de la population, et qui espèrent que la marche fera naître un grand changement dans la société.
La Marche de 1983, et après ?
Le soir même à l’Elysée, le président de la République François Mitterrand rencontre les meneurs du mouvement. Suite à la marche, une carte de résident valable dix ans est créée et l’association SOS Racisme est fondée pour lutter contre les discriminations. Mais aucune figure de la marche n’en fait partie. Malgré une mobilisation exceptionnelle, la Marche de 1983 laisse un goût d’inachevé à ses meneurs. Pourtant, le temps d’un automne, elle est parvenue à éveiller les consciences en revendiquant une France multiculturelle.
👉 Découvre tous les épisodes de La grande explication.
Réalisateur : Jean-Christophe Nabères
Auteur : Jean-Christophe Nabères
Producteur : INA avec la participation de France Télévisions et TV5Monde
Année de copyright : 2024
Année de production : 2024
Publié le 02/09/24
Modifié le 05/09/24
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