Le coup d'État de Pinochet

Le 11 septembre 1973, à Santiago du Chili, les soldats du général Pinochet prennent d’assaut le palais présidentiel. Des chars d’assaut et des avions de chasse font feu sur le bâtiment pour déloger le président élu, Salvador Allende. Ce coup d'État, organisé avec le soutien des États-Unis, marque le début de la dictature militaire au Chili.

Les opposants à Allende soutenus par les États-Unis

En 1970, Salvador Allende remporte l’élection présidentielle au Chili, en Amérique du Sud. Alors que le monde est partagé entre deux blocs, l’un capitaliste et l’autre communiste, celui que l’on surnomme « le camarade président » propose une troisième voie, à la fois socialiste et libérale. Très vite, il augmente les salaires de 40 à 60%, et nationalise des secteurs clés de l’économie chilienne comme le cuivre ou l’agriculture, allant jusqu’à exproprier les grands propriétaires terriens. Mais ces réformes engendrent rapidement d’énormes difficultés : les prix sont multipliés par dix. Des pénuries alimentaires s’abattent sur le Chili, provoquant bientôt la colère d’une partie de la population.
En 1972, des grèves massives paralysent le pays. Le gouvernement est sous pression, et l’opposition réclame la démission d’Allende. Mais le Président est déterminé à mener ses réformes. La tension monte aussi avec les États-Unis. Dix ans après la crise des missiles de Cuba, le géant américain voit d’un très mauvais œil ce nouveau régime marxiste sur son continent. Le président américain, Richard Nixon, veut déstabiliser le Chili. Il demande secrètement à la CIA d’apporter un soutien logistique et financier à l’opposition chilienne. L’objectif de Nixon est clair : renverser Allende. Si nécessaire, par un coup d'État militaire.

Le général Pinochet, à la tête du coup d’État militaire

Au petit matin du 11 septembre 1973, le général Augusto Pinochet, récemment nommé commandant en chef de l’armée par Allende, lance un coup d’État contre lui. À 7 heures, alors que les grandes villes du pays sont déjà tombées, les forces armées encerclent le palais de la Moneda, le siège du gouvernement à Santiago. Pinochet annonce la destitution d'Allende et la prise de contrôle du pays par une junte militaire. À 9 heures, les tanks ouvrent le feu sur le palais présidentiel. À midi, des avions de chasse bombardent le bâtiment, qui prend feu. À l’intérieur, le Président élu refuse toujours de se rendre. Il prononce un dernier discours à la radio. Quelques minutes plus tard, Salvador Allende se tire une balle dans la tête.
Les putschistes ont réussi leur coup. Pinochet se proclame chef de la junte militaire. La constitution est immédiatement suspendue. Le Parlement est dissous et les partis politiques sont interdits. Le pays bascule dans une longue période de dictature, celle des années de plomb.

Dictature militaire au Chili : les années de plomb (1973-1988)

En 1973, dans les mois qui suivent le putsch, le nouveau régime militaire impose une féroce répression au Chili : les opposants politiques, les journalistes et les syndicalistes sont visés par des arrestations massives, des tortures et des exécutions. Le stade national de Santiago est transformé en centre de détention improvisé. Durant la dictature, environ 40 000 personnes seront arrêtées et torturées, et plus de 3 200 chiliens seront assassinés. En 1974, à la tête de l’État, Pinochet s’emploie aussi à défaire les réformes économiques d’Allende. Sous l’impulsion d’un petit groupe d’économistes chiliens, surnommés les Chicago Boys, le Chili adopte un modèle radicalement néolibéral : les entreprises publiques sont privatisées et le marché dérégulé. Les dépenses sociales sont réduites au minimum, ce qui entraîne une croissance rapide… au prix de graves inégalités sociales ! 
En 1988, lors d’un référendum, les chiliens disent « Non » à la prolongation du mandat de Pinochet, et ouvrent enfin la voie au retour de la démocratie, après plus de 15 ans de dictature militaire.

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