À partir de quand on parle de harcèlement ?

Claire Dahan est psychologue. Dans Rendez-vous avec la psy, elle répond aux questions que tu te poses sur la santé mentale. Le harcèlement, ça commence comment ? À quel moment un mauvais comportement peut être qualifié de harcèlement ?

Le harcèlement, c’est à partir de quand ?

Une remarque moqueuse, désagréable ou blessante un jour, de la part d’un camarade ne suffit pas à dire que c’est du harcèlement. En revanche, si les moqueries, les critiques, les humiliations ou les mises à l’écart se répètent, là on parle bien de harcèlement. Le harcèlement, c’est lorsqu’une attaque physique ou verbale est exercée de façon répétée sur une personne qui n’a pas les moyens de se défendre. Ce ne sont pas forcément des insultes, ce sont aussi des regards, des moqueries, des rumeurs, du silence. Même un petit surnom qui pourrait être drôle une fois, finit par devenir du harcèlement s’il se répète et qu’il ne fait plus rire la personne. Cela peut être aussi des messages en ligne. On parle alors de cyberharcèlement. Il s’agit d’insultes ou de menaces répétées sous forme de messages, commentaires ou contenus te concernant. Le cyberharcèlement est tout aussi nocif, il ne faut surtout pas le prendre à la légère. Il y a des lois contre le harcèlement et des adultes formés pour te venir en aide.

Comment savoir si on n’est pas soi-même harceleur ?

Si tu t’interroges toi-même, tu peux éviter d’avoir un comportement inadapté.

• Est-ce qu’il y a une personne que tu embêtes de façon répétée et depuis longtemps ?
• Est-ce que cette personne a les moyens de répliquer et de se défendre ?

En fonction de tes réponses, tu peux te faire ta propre opinion et prendre la décision nécessaire.

Comment faire pour se défendre face au harcèlement ?

Il existe des méthodes de déstabilisation pour répliquer sans agressivité et sans te mettre en danger. Il faut pour cela que tu agisses de la façon inverse à celle que tu choisis d’habitude. Il faut que tu muscles ta capacité à résister à ces attaques pour montrer à ton harceleur qu’il ne t’a pas atteint. Le jeu de l’idiot est une méthode simple et ludique, comme complimenter quelqu’un qui vient de te faire une attaque verbale ou encore de pratiquer l’auto-dérision. Par exemple, si quelqu’un te dit que tu es moche, tu peux lui répondre :

Oui je sais, d’ailleurs j’organise une collecte pour me payer de la chirurgie esthétique, tu veux participer ?

L’idée est de déstabiliser l’adversaire en répliquant autre chose que ce à quoi il s’attend. S’il voit qu’il ne t’a pas blessé, il n’a pas atteint son but.

Faut-il attendre que ça s’arrange tout seul ?

Les situations de harcèlement sont à prendre très au sérieux. Elles ont tendance à s’aggraver avec le temps et elles peuvent avoir de très graves conséquences. Si tu es victime de harcèlement ou que tu as l’impression que quelqu’un de ton entourage en est victime, il faut en parler à des adultes de confiance : tes parents, un prof ou un surveillant. Prévenir, ce n’est pas dénoncer et ces adultes pourront très bien, s’il le faut protéger l’identité de la personne qui a sonné l’alerte. Qu’elle soit victime ou témoin, il pourrait y avoir un risque de représailles. Le personnel scolaire est formé pour faire face à ces situations et il connaît bien les solutions à mettre en place pour que le harcèlement cesse et pour que les harceleurs soient mis face à leurs responsabilités. C’est une préoccupation majeure pour l’Éducation nationale et tu n’es pas seul face à ça.