L'Alsace et la Lorraine : comment sont-elles redevenues françaises ?

A la fin de la Première Guerre mondiale, l'Alsace et la Lorraine - cédées en 1870 à l'Empire allemand - redeviennent françaises. Des retrouvailles joyeuses mais complexes pour les Alsaciens et les Lorrains après 48 ans d'appartenance à l'Allemagne... Explications avec Jamy.

La reconquête de l'Alsace et la Lorraine par la France

Au terme de la guerre de 1870 contre l'Empire allemand, la France de Napoléon III perd les départements du Haut-Rhin et du Bas-Rhin (l'Alsace) et de la Moselle (une partie de la Lorraine). 1,5 million de Français deviennent Allemands. En France, l'amputation de ces territoires est vécue comme un traumatisme. En 1914, lorsque la guerre éclate, l'espoir de récupérer ces deux régions renaît. Leur reconquête est même au cœur de la stratégie militaire française. Le 8 novembre 1918, c'est chose faite lorsque les troupes françaises pénètrent dans Strasbourg. Alsaciens et Lorrains perçoivent les Français comme des libérateurs. Pourtant les retrouvailles ne vont pas être aussi simples.

1919 : des concessions locales pour l'Alsace et la Lorraine

En 1919, suite au traité de Versailles qui restitue l'Alsace et la Lorraine à la France, le gouvernement français fait face à une situation inédite. Durant 48 ans, les habitants de l'Alsace et la Lorraine sont devenus des Allemands. Une partie non négligeable de la population est née allemande. Au quotidien, on parle peu le français. Les jeunes apprennent l'allemand à l'école, et utilisent des langues germaniques à la maison comme l'alsacien et le lorrain. La France décide alors de mettre en place des mesures linguistiques radicales mais d'accorder, an parralèle, des concessions aux Alsaciens et aux Lorrains : 

• Paris dépêche des maîtres d'école français pour enseigner la langue de Molière aux enfants. Des professeurs francophones remplacent les enseignants germanophones dans les universités.
• L'Alsace et la Lorraine conservent un droit local avec des particularités marquantes :  elles échappent à la loi sur la séparation des Eglises et de l'Etat. Depuis le concordat de 1801, prêtres, pasteurs et rabbins sont payés par l'Etat français. Mais cet accord avait été abrogé par la loi de 1905, une époque durant laquelle l'Alsace et la Lorraine étaient allemandes. Aujourd'hui encore, en Alsace et en Lorraine, les personnes chargées du culte ont un statut proche de celui de la fonction publique. En conséquence, ils sont payés par l'Etat.

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